Construire une maison off grid, en dehors des réseaux traditionnels, comporte déjà son lot de défis. Imaginez quand cette maison se trouve au sommet d’une montagne!
Pour Sacha, vivre off grid sur le flanc d’une montagne a certainement été ardu par moment, mais ça lui permet maintenant de retrouver un équilibre sain et de mieux concilier travail et vie personnelle. Il se réveille tous les matins avec une vue incroyable et un style de vie qui lui offre surtout plus de temps pour lui.
L’importance de prendre son temps
Sacha est le directeur photo de la série La belle vie avec Go-Van. Bien qu’on le retrouve souvent derrière l’objectif, vous le reconnaîtrez peut-être dans le dernier épisode de la première saison de l’émission, alors qu’il nous fait visiter sa Tree House.
«En tant que directeur photo et vidéaste, je voyageais partout dans le monde. Pendant 8 ans, j’étais vraiment non-stop», mentionne Sacha. «Il y avait quelque chose qui ne marchait pas: filmer, c’est ma passion et là c’était rendu pénible. Je ne peux pas être partout en même temps. J’ai besoin de vivre de quoi de plus stable».
Aujourd’hui, Sacha s’est offert la stabilité en construisant sa maison de 464 pieds carrés de surface et de 1000 pieds carrés habitables sur le flanc d’une montagne d’un terrain boisé de 2 acres. Pour Sacha, ce nouveau chez-soi lui permet de réapprendre à aimer son travail.
«Maintenant, au lieu de faire 115 projets par année, je vais peut-être en faire une vingtaine», précise Sacha. «C’est la liberté de choisir les projets que tu veux, mais d’avoir la liberté d’avoir du temps, et le temps, Dieu sait que c’est précieux». La construction de sa cabine lui a aussi demandé de prendre son temps avant de faire le grand saut. «J’ai dû passer 520 nuits à rêver de mon projet avant de le faire pour vrai», dit Sacha en riant.
Construire au sommet d’une montagne
Pour se rendre à la maison de Sacha, il faut marcher environ 1 km sur un sentier abrupt. Amener les matériaux de sa future maison au sommet a été l’élément le plus difficile. «On a vraiment fait une structure qui est légère à transporter parce que sur le dessus d’une montagne, c’est pas facile d’accès», mentionne Sacha.
Les matériaux ont pu être apportés par quatre-roues pour une grande partie du sentier, mais le chemin très rocailleux à l’approche du sommet l’a forcé à être plus créatif. Son ami a eu l’idée de construire un monte-charge se rechargeant à l’aide d’une génératrice pour faciliter le transport des matériaux et de son bois de chauffage.
«Je ne sais pas si je le referais ici parce que c’est assez extrême», mentionne Sacha. «Mais je suis content que ce soit fait. Maintenant, je l’apprécie parce que je suis au-dessus d’une montagne, j’ai une vue incroyable et j’ai la paix».
Utiliser l’environnement pour créer son énergie
Il est bien rare que les services municipaux se rendent au sommet d’une montagne. Quand tu choisis de vivre off grid, tu dois créer tes propres sources d’énergie. Comment est-il donc possible de tendre vers l’indépendance énergétique au sommet d’une montagne? Pour Sacha, l’important est surtout d’utiliser l’environnement à bon escient tant pour son énergie, son eau que pour la production de sa chaleur.
Sa maison est propulsée à l’énergie solaire non pas par un, mais bien deux ensembles de panneaux solaires. L’un peut alors prendre le relais lorsque l’autre est dans l’ombre des arbres. Ces ensembles de panneaux solaires permettent de fournir l’énergie nécessaire pour s’éclairer, faire fonctionner le réfrigérateur, certains appareils électroniques et internet. Bien qu’il puisse utiliser une génératrice au besoin, Sacha a une autonomie en électricité de 4 jours. «Pour moi, ne plus avoir de factures d’électricité, ce n’était qu’un rêve avant que je découvre les panneaux solaires», mentionne Sacha en riant.
Le toit penché de sa cabine off grid n’a pas seulement été pensé pour l’allure, mais surtout pour que la neige et l’eau s’écoulent naturellement. L’eau de pluie est alors recueillie par une gouttière qui se verse dans les réservoirs de la maison et est utilisée pour arroser les plantes, faire la vaisselle ou se laver, ce qui diminue grandement la quantité d’eau à filtrer pour la consommation. La principale source de chaleur de la maison est le foyer, alimenté par le bois disponible en grande quantité sur le terrain. «Une des choses qu’on aime le plus de la cabine est le foyer qui est comme le cœur de la maison. C’est la plus belle télévision», mentionne-t-il.
La maison elle-même est aussi pensée pour retirer le meilleur de son environnement. Le devant de la cabine plein sud permet de chauffer la maison naturellement. La maison n’est pas complètement au sommet pour éviter que ce soit trop venteux et peu d’arbres ont été coupés puisque l’été, leurs feuilles agissent comme un parasol pour éviter que ça devienne trop chaud. En hiver, l’absence de feuilles laisse entrer les rayons de soleil pour se réchauffer.
«Chaque bâtiment est différent et le meilleur moyen de savoir comment construire sa maison est de faire des recherches», mentionne Sacha.
Travailler dans une maison off grid
Travailler, vivre off grid et bâtir sa maison de toute part peut représenter un défi de taille pour certains, principalement en ce qui concerne les coûts. Pour Sacha, il a pris le temps de construire sa maison selon ses moyens.
«Avec la job que j’ai, tu ne sais pas si tu as un moment dans l’année où tu n’as pas d’argent, c’est tellement nébuleux que pour moi l’hypothèque c’était non», mentionne Sacha. «Tu construis avec l’argent que tu as en ce moment, tu fais des petits bouts, après ça tu vas faire un contrat, tu reviens puis tu investis tout dans la maison.»
De sa cabine, Sacha travaille de son studio de montage qu’il utilise davantage lors des journées ensoleillées, étant donné que les capacités de ses batteries sont limitées. Son horaire varie donc selon ses contrats et la météo.
«Il y a des fois où les clients m’engagent juste pour venir chez nous, parce qu’il y a la vibe de venir travailler ici à la cabine», précise Sacha.
Outre son travail, vivre off grid est loin d’être ennuyant. Entre pelleter ses panneaux solaires l’hiver ou passer des journées à s’occuper de son jardin rempli de légumes, d’herbes et de plantes médicinales, il peut aussi scier et bûcher du bois d’arbres tombés pour faire son bois de chauffage.
«Mettons que je ne me suis pas donné la vie facile, mais maintenant que c’est fini, mon activité préférée est de m’asseoir devant mon feu, de regarder ma maison pis de me dire: Ayoye je l’ai faite», mentionne Sacha.