En optant pour une maison passive, Thierry Levasseur a offert à sa famille un milieu de vie extrêmement confortable et résilient.
La maison passive Saltbox, où il habite avec sa famille depuis maintenant bientôt un an, est située à Bromont, dans les Cantons-de-l’Est. L’appellation «Saltbox» fait référence au style architectural qui rappelle les boîtes à sel d’époque en bois, un concept fort répandu en Estrie et en Nouvelle-Angleterre.
Le design épuré de la maison Saltbox et son environnement idyllique ne sont pas ses seuls atouts. Ce qui est le plus remarquable de cette construction écoénergétique est sa conception, qui lui a valu les certifications LEED Platine et PHIUS + 2018.
L’équipe de conception de la maison passive Saltbox
Pour réaliser son projet, Thierry Levasseur a d’abord fait appel à William Murray en 2018, entrepreneur et constructeur chez Construction Rocket. William et sa femme Sarah Cobb avaient construit leur propre maison passive à Abercorn, près de Bromont, quelques années auparavant. Leur maison, qu’ils ont nommée la maison des sources, est la première construction neuve certifiée PHIUS au Québec. Thierry est aussi allé chercher l’expertise des architectes de L’Abri, un atelier d’architecture basé à Montréal.
Francis Martel Labrecque, architecte et co-fondateur de L’Abri, nous a mentionné que pour porter un projet de la sorte, il faut s’entourer d’une équipe ouverte à l’innovation : il faut être prêt à adapter nos techniques de construction et savoir proposer de nouvelles idées, mais ce qui est génial, c’est que ce n’est pas beaucoup plus compliqué!
La conception de la maison passive Saltbox
Certains principes guident la construction de ce type d’habitation écoénergétique. Les mots-clés à retenir? Orientation, isolation, étanchéité à l’air et performance des systèmes mécaniques.
D’abord, en orientant les fenêtres de la maison pour capter un maximum de lumière du soleil, on réchauffe l’intérieur de la maison et les surfaces, ce qui permet d’économiser sur l’utilisation d’énergie pour le chauffage. Le plan en «L» de la maison Saltbox est justement orienté plein sud pour maximiser les rendements de l’énergie solaire. Avec un chauffage solaire passif de la sorte, on fait un choix véritablement durable en diminuant de beaucoup notre empreinte carbone et notre facture d’électricité. En effet, il faut savoir qu’au Québec, plus de la moitié de notre consommation résidentielle en énergie est attribuable au chauffage.
Par la suite, la qualité de l’isolation thermique du bâtiment est, elle aussi, primordiale. Le but premier est de maintenir une température confortable et uniforme à l’intérieur de la maison, peu importe les aléas climatiques extérieurs. Une maison passive aura donc une isolation beaucoup plus performante qu’une maison standard.
À titre d’exemple, la maison Saltbox a une double ossature (c’est-à-dire un mur extérieur et un second mur à l’intérieur, créant ainsi un espace entre les deux murs), ce qui permet une isolation nettement supérieure aux maisons standards. Pour donner une idée de grandeur, là où une maison standard a en moyenne 12 pouces d’isolation à l’intérieur de son toit, la maison Saltbox a 38 pouces d’isolation, soit trois fois plus.
En isolant principalement avec de la cellulose, les concepteurs de la maison passive Saltbox n’ont pas manqué de faire un choix écoresponsable. Ce matériau isolant est fabriqué presque entièrement de papier et de carton recyclé.
L’étanchéité à l’air contribue également à maintenir une température agréable dans la maison et assure une qualité d’air optimale. La structure complètement scellée élimine jusqu’au plus petit courant d’air.
Le chauffage n’est cependant pas le seul coupable d’une consommation énergétique élevée. Avec le réchauffement planétaire, la climatisation pèse, elle aussi, de plus en plus dans la balance à mesure que le mercure grimpe en été. L’isolation et l’étanchéité permettent donc de maintenir la fraîcheur dans la maison même en période de canicule. Des pare-soleil et la pergola aident également à limiter les rayons solaires entrants en saison estivale.
Finalement, la mécanique hyperperformante permet un niveau de confort optimal : l’échange d’air est contrôlé par un système de ventilation silencieux, qui distribue de l’air frais dans l’ensemble de la maison et renvoie l’air usé à l’extérieur.
Atteindre les certifications environnementales
Ce qui fait de la maison passive Saltbox une construction écoresponsable est avant tout sa consommation énergétique minimale au quotidien. Toutefois, l’équipe a décidé d’aller encore plus loin dans la réduction de leur empreinte écologique en portant une attention particulière au choix des matériaux et à leur provenance. Ils ont donc opté principalement pour des matières ayant une faible empreinte carbone, tel le bois, et ont privilégié autant que possible des achats locaux. La maison Saltbox a donc un revêtement d’une compagnie québécoise et des fenêtres assemblées à Longueuil.
La certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) est un système d’évaluation de bâtiments durables permettant de classer et certifier les constructions. Des points sont attribués selon la performance globale d’un bâtiment pour divers critères de durabilité. Plus le score est élevé, plus le niveau de certification l’est aussi. Certifiée LEED Platine, la maison passive Saltbox a reçu le plus haut niveau de certification décerné par LEED Canada pour les habitations résidentielles.
Pour ce qui est de la certification PHIUS (Passive House Institute United States), il s’agit d’un système d’évaluation spécifiquement adressé aux maisons passives. Pour qu’une habitation soit certifiée PHIUS, elle doit répondre à des normes d’hyperperformance énergétique basées sur l’approche solaire passive. Il va sans dire qu’il s’agit d’une certification très exigeante à aller chercher. La construction de ce type d’habitation implique donc une planification minutieuse dès l’étape de la conception, par une équipe d’architectes, d’ingénieurs et d’entrepreneurs.
À quoi peut-on s’attendre au Québec?
Il y a encore très peu de maisons passives au Québec et encore moins de maisons passives certifiées. Francis M. Labrecque explique cela en partie par le fait que le Code de construction du Québec est peu sévère et n’incite donc pas à l’amélioration des pratiques. De plus, le faible coût pour l’électricité rend le retour sur l’investissement moins alléchant qu’en Europe par exemple, où ce type d’habitation est plus populaire.
Malgré cela, l’équipe de la maison Saltbox espère qu’avec une visibilité accrue, plus de gens seront prêts à faire le saut. Après tout, selon Francis M. Labrecque, « une maison qui respecte la norme Passive House, c’est la meilleure maison qu’on peut construire aujourd’hui, selon l’état des connaissances actuelles ».
Visionnez la microsérie web sur les étapes de réalisation de la maison passive Saltbox.