Vivre dans une maison off grid peut sembler bien marginal. On associe souvent ce type d’habitation alternative à une vie sans chauffage ni électricité, à un quotidien constitué de douches à l’eau froide, de brassées de lavage à la main et de nuits au fanal.
Pour Jacob, sa maison off grid est synonyme de confort et de liberté. En choisissant de se construire hors du réseau traditionnel, il s’est offert un rythme de vie plus lent, mais surtout plus sain et adapté à la vie en famille et en communauté qu’il recherchait.
Développer un rythme de vie en autonomie
Pour ceux et celles qui ont visionné la première saison de La belle vie avec Go-Van, vous reconnaitrez certainement Jacob et sa famille qui sillonnaient les routes à bord de leur autobus blanc lors du huitième épisode. La pandémie a certainement forcé beaucoup de changements dans leurs vies depuis, mais leur objectif est resté le même: vivre une vie basée sur leurs valeurs.
«On dit souvent qu’on est anticonformistes ou en marge de la société, mais je ne vois pas ça comme ça», mentionne Jacob. «Je vois plus ça comme une vie où tu prends conscience de ce que tu aimes, d’apprendre à te connaître en premier. Après ça, tes projets se définissent selon tes valeurs à toi et ce que tu as vraiment envie de faire dans la vie.»
Tout en conservant le rythme de vie qu’ils avaient sur la route, lui et sa famille habitent maintenant dans une maison multigénérationnelle 100% autonome de 1200 pieds carrés, située sur un terrain boisé de 7 acres en Estrie. «Après avoir vécu dans un autobus, où on ne manquait de rien, on a maintenant plus d’espace, avec les mêmes services qu’on avait dans l’autobus. Du moment où tu tombes dans plus grand comme ça, c’est le gros luxe», dit Jacob en riant.
En plus de la maison, ils ont sur le terrain un jardin, un lac ensemencé, un poulailler et quelques espaces isolés pour stationner des vans. L’ensemble des plans et de l’autoconstruction s’est fait en 5 mois et malgré le rythme accéléré du processus, l’autonomie est toujours restée au centre du projet. «Quand la pandémie est arrivée avec le confinement total, l’autonomie qu’on voulait acquérir avec une maison, énergétique ou alimentaire, ça faisait du sens pour moi plus que jamais», mentionne Jacob.
Vivre off grid grâce aux méthodes d’antan
Comment fait-on pour vivre au quotidien quand les services normalement offerts par les municipalités, comme l’eau potable courante et l’électricité, ne se rendent pas jusqu’à notre maison? L’important pour Jacob, c’était d’avoir une maison autonome, mais pas contraignante, un endroit confortable où l’on ne manque de rien.
«On confond souvent autonomie avec beaucoup d’ouvrage, mais il faut juste être setté avec la technologie d’aujourd’hui», mentionne Jacob. «Je peux quitter la maison pendant 1 semaine en hiver et rien ne va geler, j’ai des systèmes d’appoints pour tout […] Il y a souvent un écart un peu trop grand entre le confort des maisons off grid versus celui des maisons traditionnelles, mais le but, c’est de trouver le juste milieu.»
À l’époque de nos arrières grands parents, toutes les habitations étaient autonomes. En complémentant certaines méthodes utilisées autrefois avec les technologies d’aujourd’hui, il est tout à fait possible de vivre en autonomie, avec un rythme de vie simple, sans sacrifier le confort dans sa maison off grid.
Des sources d’énergie durables pour du confort
Grâce à un système d’énergie solaire, Jacob et sa famille réussissent à combler leurs besoins en électricité. Aidé d’une petite génératrice pendant 3 mois en hiver, ce système suffit à fournir toute l’énergie nécessaire pour l’éclairage, le réfrigérateur, la laveuse, internet et la télévision. «Tu es obligé de faire l’exercice pour savoir ce que consomme chaque appareil», Jacob précise. Habituée à la vie en van, la famille ne possède pas de grille-pain, de cafetière, ou de sécheuse, car tout se fait à la main si on sait prendre le temps. «On n’a pas de sécheuse, mais on sait comment faire sécher du linge sur une corde», Jacob mentionne en riant.
La maison est chauffée au bois, denrée accessible en très grande quantité sur le terrain, alors que le four et le chauffe-eau sont présentement alimentés au propane. Comme leur but est de réduire au maximum leur consommation de propane et de dépendre le moins possible de services externes, le plan est d’installer cet été un poêle à bois extérieur avec un circuit d’eau chaude passant à l’intérieur. Grâce à une petite pompe, ce circuit d’eau sera relié directement au chauffe-eau et au plancher radiant, ce qui permettra de combler les besoins de chauffage même en hiver.
Leur consommation d’eau est divisée en deux catégories: l’eau potable et l’eau de pluie. Cette dernière sert à arroser les jardins et est utilisée pour la douche et la vaisselle. «Quand tu utilises l’eau de pluie pour tes besoins quotidiens, tu prends le contact avec tes besoins réels en eau potable et tu réalises à quel point c’est ridicule le gaspillage de cette eau», explique Jacob. Leur consommation d’eau potable par semaine, pour faire la cuisine, se brosser les dents et s’hydrater, se limite donc à 30 gallons pour 5 personnes.
Remettre son quotidien en question
Vivre sur la route dans un autobus ou dans une maison off grid, ça peut paraître parfait à la télévision ou sur les réseaux sociaux, mais ça ne veut pas dire que c’est idéal pour tout le monde. Pour Jacob et sa famille, il a fallu prendre une pause, mais surtout prendre le temps de se poser des questions avant de faire le saut vers ce mode de vie alternatif.
«Il y a une démarche personnelle avant de passer à l’action. Il faut prendre connaissance de ce que tu fais dans ton quotidien et déceler ce qui ne fait pas de sens pour toi. Chaque set up doit être adapté à son niveau de tolérance à faire des compromis,» précise Jacob.
Pour eux, la transition entre l’autobus et la maison s’est faite facilement. Par contre, pour quelqu’un qui aurait l’idée de vendre son condo et tout laisser derrière pour partir s’installer off grid, il faut être conscient que ce n’est pas seulement un changement de maison, mais aussi de style de vie.
Jacob espère inspirer certaines personnes avec ses projets et prouver qu’au final, vivre dans une maison off grid, ce n’est pas si marginal que ça. «Oui il va y avoir des challenges, oui il va y avoir des façons de réfléchir différentes, oui tu vas penser perdre du confort, mais au final, tu peux avoir tout ce dont tu as besoin», confie-t-il.
L’importance de la communauté
Ce qui permet réellement à Jacob et sa famille de vivre confortablement dans leur maison autonome, c’est la communauté dont ils ont su s’entourer au fil des années. C’est en échangeant avec la communauté de van qu’il a acquis ses connaissances sur les constructions autonomes et avec l’aide de ses amis qu’il a réussi à construire sa maison en si peu de temps. C’est grâce à tout ce soutien et tous ces efforts que Jacob peut maintenant se concentrer sur sa vie en famille.
«Il y a une journée dans ma vie où je me suis choisi, avec ma famille. J’ai quitté ma job, j’ai pris une pause et j’ai réalisé que ce que je n’avais jamais remis en question dans ma vie, c’était ma blonde et mes enfants. Donc j’ai rebâti autour de ça.»